Madrid, de notre correspondant.
L'Assemblée de la République portugaise a approuvé hier la loi organique qui ouvre un véritable marathon de référendums, avec pas moins de trois consultations populaires prévues d'ici l'automne: sur l'Europe, la décentralisation et l'avortement. Ce dernier provoque une belle tourmente politique, au point que certains évoquent la possibilité de législatives anticipées. Objet d'un débat social depuis des années, la dépénalisation de l'IVG provoque en effet de sérieux remous au sein du Parti socialiste au pouvoir. Alors que son leader, le Premier ministre Antonio Guterres, s'affiche catholique pratiquant et personnellement opposé à l'avortement, le groupe socialiste au Parlement avait, le 4 février, fait passer, avec le soutien des communistes, une loi autorisant l'IVG durant les dix premières semaines de grossesse, moyennant une simple consultation préalable dans des «centres de conseil familiaux». Au grand dam des partis de droite et de l'Eglise catholique, le Portugal reléguait donc aux oubliettes la loi en vigueur depuis treize ans, l'une des plus restrictives d'Europe, qui n'autorisait l'avortement que dans des cas extrêmes, comme une malformation du foetus ou un danger pour la santé de la future mère.
Puis, coup de théâtre. Quelques jours après l'adoption de la loi en première lecture, le Premier ministre se livre à un inédit marchandage politique: la droite libérale du PSD (Parti social-démocrate) obtiendra le référendum qu'elle souhaitait