Le 12 mars à Londres, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union
européenne donneront le coup d'envoi des négociations d'élargissement de l'Union. Chaque jour d'ici là, Libération se rend dans l'un des six pays candidats sélectionnés pour les premières négociations: Chypre, Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovénie et Estonie. Aujourd'hui, la Hongrie.
Zahony envoyée spéciale Le commandant Laszlo Gal embrasse du regard le fleuve Tisza, qui, au nord-est de la Hongrie, forme une frontière naturelle avec l'Ukraine. «Le fleuve était autrefois une protection, mais il n'est même plus un obstacle», soupire-t-il. Dans cette terre sablonneuse, les eaux ont creusé un lit capricieux aux contours dessinés, raconte un dicton, par la queue d'un âne aveugle.
Les gardes-frontière du commandant hongrois sont impuissants à filtrer les clandestins qui profitent de la nuit pour se faufiler en Hongrie par cette zone verdoyante et éloignée des postes de douane. «Tous les moyens sont bons pour convoyer les clandestins d'Afghanistan, d'Inde ou du Sri-Lanka. Soit cachés dans le train, dont ils sautent à un moment convenu, soit en franchissant le fleuve à l'aide de chambres à air ou de canots. C'est l'un des itinéraires favoris des passeurs d'Ukraine», indique Laszlo Gal, qui déplore le manque de moyens dans sa zone, longue seulement de 22 kilomètres mais extrêmement vulnérable. Entre 1994 et 1996, les gardes-frontière n'avaient interpellé que deux passeurs sur cette frontière nord. «En 1997, le