Menu
Libération

Suicide au Caméscope en Espagne. La mort filmée d'un tétraplégique relance le débat sur l'euthanasie.

Article réservé aux abonnés
publié le 7 mars 1998 à 22h22

Madrid, de notre correspondant.

Tranquille, Ramon Sampedro siffle son verre de cyanure avec une paille. Il sourit: «On y va». Son agonie commence. Elle va durer une vingtaine de minutes. C'est une «exclusivité d'Antena 3 TV», proclame fièrement une incrustation en bas de l'écran. La première chaîne privée espagnole a diffusé dans son journal, mercredi soir, le «suicide assisté» d'un tétraplégique dont la mort, le 12 janvier, a suscité un débat national sur l'euthanasie, désormais doublé d'une polémique médiatique. Complètement paralysé depuis 30 ans, Ramon Sampedro se battait vainement depuis des années devant les tribunaux pour obtenir le droit à l'euthanasie. Il a décidé d'en finir «sous les projecteurs» afin de poursuivre post mortem son combat: il a fait filmer sa mort par la ou les personnes qui l'ont aidé à partir, en achetant le cyanure, en posant le verre à sa portée" La bande vidéo est détenue par le juge chargé de l'instruction, qui a mis en examen la compagne de Ramon Sampedro, mais Antena 3 s'en est procuré une copie et a choisi de la diffuser à une heure de grande audience, s'abstenant toutefois de montrer les plus durs moments de l'agonie. Dans ses derniers instants, Sampedro interpelle les «juges, autorités politiques et religieuses»: «Je me demande ce que signifie pour vous la liberté: ce n'est pas, en tout cas, vivre comme je vis. En buvant ce verre, je renonce au plus humiliant des esclavages: n'être qu'un cerveau accroché à un corps mort». Le cas Sampedr