Bonn, de notre correspondante.
Vingt-quatre pour cent pour Kohl, soixante-cinq pour Schröder: ce sondage suffit à résumer le tremblement de terre politique qui s'est produit en moins d'une semaine en Allemagne. En cas d'élection directe, Helmut Kohl, le grand chancelier de l'unité allemande, ne récolterait que 24% des suffrages, indique le dernier baromètre Infratest Dimap publié ce week-end. Gerhard Schröder, tout frais désigné candidat social-démocrate à la chancellerie après son triomphe aux élections régionales de Basse-Saxe le 1er mars, l'écraserait avec 65% des voix.
En une semaine, la victoire de Gerhard Schröder dans son Land de Basse-Saxe a tourné en débandade pour le gouvernement de Helmut Kohl. Le pire s'est produit jeudi et ne cesse plus de provoquer des remous depuis: pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 1982, sa coalition a éclaté sur le vote d'une loi: neuf députés libéraux, dont les deux présidents d'honneur du parti Hans-Dietrich Genscher et Otto Graf Lambsdorff, ont voté avec l'opposition sociale-démocrate un texte sur les écoutes à domicile. En soi, l'incident n'est pas très grave: le projet adopté ne fait qu'élargir le cercle de professions épargnées par les écoutes et permet au parti libéral de se profiler. Au moment où le parti social-démocrate trompette «la fin de l'ère Kohl», cette désunion tombe pourtant au plus mal. Helmut Kohl, obligé d'intervenir deux fois à la télévision ce week-end, s'est dit «terriblement fâché». Joschka Fischer