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Libération

Le tour d'Europe des candidats à l'UE (4): Chypre. Rêves d'Europe dos à dos. Il n'y a presque aucun contact entre la république des Grecs et l'entité turque.

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publié le 9 mars 1998 à 21h53

A quelques jours de la réunion, jeudi à Londres, des Quinze sur

l'élargissement de l'Union, «Libération» poursuit son tour d'Europe des six premiers candidats. Aujourd'hui, Chypre.

Nicosie, envoyé spécial.

Depuis les fenêtres de son appartement, Helena, comme de nombreux habitants du vieux centre de Nicosie, voit les deux minarets de Sainte-Sophie, l'ancienne cathédrale gothique devenue mosquée après la conquête ottomane, ornés, depuis l'invasion turque d'août 1974, du drapeau rouge frappé du croissant. Au-delà des miradors de la «ligne verte» qui, depuis, divise l'île, cet autre côté si proche de sa ville lui est inaccessible. «C'est pour nous le monde le plus lointain», constate, désabusée, la jeune femme. Deux boîtes à lettres. Elle avait 22 ans lorsqu'elle rencontra pour la première fois un Chypriote turc. C'était à l'université de Lyon, lors d'un stage de français: «Nous habitions à 500 mètres à vol d'oiseau. Il n'a jamais pu venir ici, je n'ai jamais pu aller chez lui.» Ils ont correspondu quelques mois par lettre, via la Suède, puis se sont perdus de vue. Il n'y a ni téléphone ni poste entre les deux parties de l'île, sinon au travers de l'ONU, qui dispose de trois lignes «interzone» et a installé deux boîtes à lettres à l'entrée du Lydra Palace, au coeur de la zone tampon, le quartier général des 1 250 Casques bleus déployés dans l'île. Deux étiquettes précisent «courrier pour le Nord», la partie où a été proclamée la République turque de Chypre-Nord (RTCN), reconnue s