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Libération

La révolte contrôlée des étudiants indonésiens. Leurs meetings sont tolérés tant qu'ils ne quittent pas les campus.

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publié le 10 mars 1998 à 22h36

Bandung, envoyé spécial.

Le mécontentement populaire indonésien, qui s'était tout d'abord manifesté par des émeutes antichinoises, gagne les bancs de l'Université. Sur les principaux campus de l'archipel, des milliers d'étudiants crient leur inquiétude face à l'avenir et surtout leur aspiration à des réformes. Ils appellent les membres de l'Assemblée consultative du peuple, qui annonce aujourd'hui la reconduction du président Suharto, à prendre la mesure de l'incapacité du général à faire face à la crise. Et à en tirer les conséquences.

Le mouvement a commencé à Djakarta fin février, quand près de deux mille étudiants se sont rassemblés à l'université d'Indonésie (UI) pour demander la sécurité alimentaire pour faire face aux hausses de prix, l'assurance d'un emploi et des réformes politiques. Ils avaient, en particulier, appelé à la révocation de «toutes les lois qui limitent la liberté de parole et la liberté de réunion», avant d'annoncer que leur action n'était que le prélude à des manifestations dans toutes les universités du pays. Depuis, des débats ont été organisés par les élèves des villes universitaires de Java (Yogyakarta, Bandung, Surabaya, Semarang), mais aussi de Sumatra (Padang), Sulawesi (Ujungpandang) et Bali (Denpasar). Certains ont même entamé une grève de la faim.

Sifflets et percussions. Chaque fois, on retrouve les mêmes slogans, les mêmes bannières au fronton des hémicycles. Partout la même fête et les mêmes revendications. Samedi à Bandung, les étudiants