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Libération
Interview

Le président centrafricain amer après le départ des Français. Patassé: «Notre échec est aussi celui de Paris»

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publié le 10 mars 1998 à 22h34

Bangui, envoyé spécial.

Il a été, pendant une dizaine d'années, ministre sous Jean-Bedel Bokassa et même chef du gouvernement impérial en 1976, l'année du sacre. Puis il a été opposant, en exil après l'échec d'une tentative de coup d'Etat en 1982. En 1993, à l'heure de la démocratisation en République centrafricaine, Ange-Félix Patassé a été élu Président. Depuis, trois mutineries de l'armée ont fortement ébranlé son régime. Une force africaine d'interposition est sur le point d'être relevée par des Casques bleus de l'ONU, alors que la France fermera sa dernière base militaire à Bangui le 15 avril.

L'armée française s'en va définitivement. Avez-vous souhaité, ou seulement accepté, son départ?

J'ai été un peu surpris de la décision française. Mais, que voulez-vous, j'en ai pris acte. C'est une décision souveraine, officiellement motivée par des contraintes budgétaires. Mon pays s'est battu aux côtés de la France pendant les deux guerres mondiales, en Indochine, en Algérie, au Cameroun. Si, aujourd'hui, la France a oublié ces sacrifices, tous les services rendus par le peuple centrafricain, et préfère se retirer après les trois mutineries que nous avons connues, je n'y peux rien. Nous avons été mis devant le fait accompli.

Paris préfère maintenir une base au Tchad voisin. Payez-vous le prix de l'instabilité de votre régime?

La France extirpe les éléments qui ont été à l'origine des trois mutineries chez nous! Mais je ne révélerai pas des secrets d'Etat.

Voulez-vous dire que la Franc