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Libération

Le sénat chilien, maison de retraite de Pinochet. Sans élection, l'ancien dictateur devient parlementaire à vie.

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publié le 10 mars 1998 à 22h34

Santiago de notre correspondant.

Au Chili, l'Histoire ne se répète pas, elle radote. Le regard d'acier mais l'élocution pâteuse, le général Augusto Pinochet, 83 ans, abandonne aujourd'hui son uniforme de commandant en chef pour entamer une carrière parlementaire. A compter de demain, sans l'onction du suffrage universel, le «vieux soldat» devient sénateur à vie en tant qu'ancien président d'une République sur laquelle il fit régner la terreur, de 1973 à 1990. Cette prérogative est garantie par la Constitution élaborée par le régime militaire en 1980.

«Pourquoi pas plutôt la prison à perpétuité?» ironise en couverture le magazine de gauche Punto Final, donnant le ton aux manifestations hostiles qui salueront les débuts du fringant sénateur. Car le camp anti-Pinochet (partis, parents des victimes de la répression, organisations syndicales et estudiantines) a décrété la mobilisation générale contre ce déni de démocratie. Dans la rue, à Santiago comme à Valparaiso, où se trouve le Congrès depuis sa relégation en bord de mer par l'ancien dictateur, mais aussi dans l'enceinte des deux Chambres: les groupes parlementaires de la majorité (centre gauche) ont présenté un recours en annulation au Sénat, «Pinochet ne pouvant être considéré comme ancien président de la République dès lors qu'il n'y avait plus de République à la suite du coup d'Etat».

Le recours n'a aucune chance d'aboutir car la droite contrôle la Chambre haute. «Peu importe le succès légal de nos initiatives, il s'agit d'