Deux rapports pour une visite: qui aurait pensé qu'une délégation de
neuf députés européens à Alger ferait tant de bruit? Leur mandat relevait de l'abstraction: «Engager le dialogue avec le Parlement algérien sur la situation critique du pays.» Leurs prérogatives étaient taillées au plus juste. Pas question de diplomatie et encore moins d'enquête. Leur seule latitude était de proposer d'éventuelles actions interparlementaires. C'est donc dans le brouillard que la délégation s'envole pour Alger le 8 février. Sur place, les conditions imposées par les autorités restreignent un peu plus leur liberté d'action. En Algérie, où le choix d'un lieu d'hébergement se négocie comme une affaire d'Etat, il leur est même impossible de dormir à leur guise. Pour pouvoir, par exemple, figurer dans leur carnet de rendez-vous, Me Abdenour Ali Yahia devra accepter d'intervenir comme «simple citoyen» et non au titre de président de la Ligue de défense des droits de l'homme.
Pourtant, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu. Affaire de personnalité d'abord: Daniel Cohn-Bendit, élu des Verts, use vite de ses talents d'agitateur. Et il faut bien dire que, dans une société aussi verrouillée que l'Algérie, un officiel (même sans pouvoir) qui remballe un policier (même sans grade) réalise le fantasme le mieux partagé du pays.
Au milieu de ses turbulences, surgissent les premiers tiraillements. Entre André Soulier (Parti populaire européen, droite), censé conduire la délégation, et Cohn-Bend