Brcko envoyée spéciale
En complet flamboyant, le représentant de la communauté musulmane de Brcko agite son portefeuille sous le nez du collaborateur de Robert Farrand, le superviseur américain chargé d'administrer la dernière ville contestée de Bosnie. Les réunions de la commission pour le retour des réfugiés, que préside l'Américain, se déroulent toujours de la même manière. «J'ai besoin de plus d'emplacements et que les retours de familles aillent plus vite. J'ai en poche de quoi reconstruire 600 maisons», dit le Musulman. Le représentant de la communauté serbe, au contraire, mendie de l'aide. Le délégué croate se tait. Arbitrage. Le réel enjeu de ces questions de réinstallation est l'avenir de Brcko, dont le sort est toujours en suspens, plus de deux ans après la signature des accords de paix de Dayton. La ville reviendra-t-elle à la Fédération croato-musulmane (51% du territoire bosniaque) ou à la Republika Srpska (49%), qui la contrôle depuis la guerre? Une cour internationale d'arbitrage doit décider de son statut avant le 15 mars. L'an dernier, les juges avaient préféré laisser provisoirement la ville et ses environs aux Serbes.
L'affaire est explosive, car Brcko représente un enjeu stratégique pour les deux entités bosniaques. A la Fédération croato-musulmane, elle offre un débouché direct sur la rivière Save, puis le Danube. Pour les Serbes, elle verrouille le corridor qui garantit la continuité territoriale entre l'ouest de la Republika Srpska et la Serbie.
Les Occ