Pristina, envoyée spéciale.
Toute la journée, Milot et Albertina ont eu à l'esprit la manifestation de l'après-midi. Toutes les craintes ont défilé dans leur tête: les provocations possibles de policiers en civil ou de civils serbes, prêts à tirer des balcons, la répression policière. Il n'en a rien été. Après une demi-heure, la foule imposante massée sur Dragodan, une des multiples collines de Pristina, s'est dispersée sans avoir rencontré d'autres policiers que ceux qui règlent la circulation. «Nous reviendrons protester. Nous voulons être libres», ont dit les deux jeunes gens.
Les incidents meurtriers de Drenica ont troublé le quotidien des étudiants albanais de Pristina. Les cours des universités parallèles, organisés depuis sept ans dans de grandes maisons bâties à la hâte sur les hauteurs de la ville et suivis par quelque 20 000 étudiants, ne fonctionnent plus depuis deux semaines. Les jeunes partagent leur temps entre les cafés du quartier sud, que tous appellent Santé, du nom du premier débit de boissons à s'y être installé, et leur maison où ils restent attendent fébrilement les nouvelles du Kosovo données par les radios et télévisions étrangères, en premier lieu celle de Tirana.
Béton nu. Etudiant en deuxième année d'anglais, Milot dit ouvertement son ras-le-bol. «Si tout ne change pas maintenant, il n'y a aucun avenir pour nous, et nous partirons à l'étranger. Ici, il n'y a pas de travail, et même quand on en trouve, c'est trop mal payé pour vivre». Pour aller tous l