Edimbourg envoyé spécial
Pourquoi déclencher une crise aujourd'hui lorsqu'on peut la renvoyer à demain? Fort de ce principe d'inaction, les ministres des Affaires étrangères des Quinze, réunis «informellement» à Edimbourg, vendredi et samedi, se sont efforcés d'éviter l'explosion de la bombe chypriote qui menaçait, à tout le moins, de perturber le processus d'élargissement à l'Est. Entreprise réussie: l'explosion aura bien lieu" mais dans quelques années.
C'est Jacques Chirac qui a amorcé ladite bombe, jeudi à Londres. Profitant de l'inauguration de la conférence européenne, qui marquait symboliquement le lancement de l'élargissement à dix pays d'Europe de l'Est ainsi qu'à Chypre, le président de la République s'est interrogé sur l'opportunité d'entamer des négociations d'adhésion avec la seule partie sud de Chypre, le Nord étant occupé par les troupes turques depuis 1974: «L'Union européenne n'a pas vocation à prendre un morceau de Chypre et à intégrer un conflit qui n'est pas le sien.» Et de rappeler l'exigence des Quinze que l'équipe de négociation envoyée par Nicosie comporte une délégation de Chypriotes turcs. Or la Turquie, qui boude la conférence européenne lancée jeudi afin de marquer son mécontentement d'avoir été écartée du processus d'élargissement proprement dit, s'est opposée à toute participation de Chypre du Nord auxdites négociations. Dès lors, la sortie de Chirac revenait à exclure Chypre de l'élargissement à venir" Les Grecs, très attachés à l'adhésion de l