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Libération
Reportage

Prekaz, village martyr du Kosovo.

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Dans ce fief de la résistance albanaise, 53 membres d'un clan ont été tués.
publié le 17 mars 1998 à 20h24

Des maisons calcinées, devant lesquelles des policiers montent la garde, se dressent à l'entrée de Prekaz. Il n'y a pas âme qui vive. Quelques chiens aboient encore pour protéger des propriétés cossues, abandonnées à la hâte. Dans les cours, le bétail erre. Caquetantes, les poules se promènent jusque dans les chambres. Des maisons saccagées par les tirs, le feu ou les perquisitions intempestives succèdent à des maisons intactes, vides aussi. Rien ne manque. Au Kosovo, il n'y a pas de pillards.

Les maisons les plus détruites appartiennent au clan Jashari, décimé début mars dans une opération menée par les Unités spéciales antiterroristes (SAJ) de la police serbe. A droite de la route, sur un monticule, en trois rangées, 53 tombes témoignent de la violence du choc. La première est celle du patriarche du clan, Shaban Jashari, 72 ans. A côté de lui gisent ses deux fils, Adem, 44 ans, considéré par la police serbe comme un des chefs de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), et Hamze, 47 ans, ainsi que la femme de ce dernier. Aucune inscription ne figure sur les autres tombes. Elles recèlent les dépouilles des enfants d'Adem et d'Hamze, ainsi que celles des trois enfants de leur frère Rifat, travailleur immigré en Allemagne. Au total, 18 membres de la famille étroite de Shaban Jashari. Les autres sont des cousins ou apparentés.

Résistance acharnée. Ce n'était pas la première fois que la police s'attaquait au clan Jashari. Le 22 janvier, elle avait dû battre en retra