Rome, de notre correspondant.
Jean-Paul II l'avait promis il y a plus de dix ans. Hier, la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme a finalement rendu public au Vatican un document intitulé «Nous nous souvenons: une réflexion sur la Shoah», destiné à représenter formellement l'acte de repentance de l'Eglise de Rome pour son attitude durant la Seconde Guerre mondiale. Treize pages, précédées d'une lettre pontificale, pour indiquer, comme l'écrit Jean-Paul II, que «le crime devenu célèbre sous le nom de Shoah constitue une tache indélébile dans l'histoire de ce siècle qui s'achève».
A la veille du jubilé de l'an 2000, le Vatican n'a pas caché son souhait d'apurer les comptes avec le passé et, notamment, envers les Juifs. C'est ainsi que la «réflexion sur la Shoah» indique, pour la première fois de manière aussi claire, que «l'Eglise catholique désire exprimer son profond regret pour les manquements, à toutes les époques, de ses fils et ses filles. Il s'agit d'un acte de repentir (teshuva) ["]».
A travers ce document, le Vatican s'interroge pour savoir si le traditionnel «sentiment antijudaïque a rendu les chrétiens moins sensibles, voire indifférents aux persécutions menées contre les Juifs par les nazis quand ils arrivèrent au pouvoir». Une question fondamentale à laquelle la «réflexion sur la Shoah» ne répond pas clairement. «Il faut donner une réponse au cas par cas», est-il écrit.
«Distinguer». C'est d'ailleurs là toute l'ambiguïté de cet acte de repentance. L'