Pékin, de notre correspondante.
Une révolution de style se profile en Chine avec la nomination du nouveau Premier ministre, Zhu Rongji. Les quelque 3 000 députés réunis à Pékin dans le palais du Peuple ne s'y sont pas trompés, en accueillant son élection 98% de oui hier matin par une véritable ovation qui a gagné les étages élevés de l'hémicycle, où diplomates et journalistes observaient la scène à la jumelle. La Bourse de Shanghai a salué l'événement en enregistrant aussitôt une hausse de 0,8%.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que «le boss», comme l'appellent ses collaborateurs, désormais chargé de gouverner cet empire en transition de près d'un milliard et demi d'habitants, est une sacrée personnalité. Agé de 69 ans, Zhu, le «penseur indépendant», a su conserver ses idées réformatrices au travers des bouleversements du régime. «Droitiste». Dès 1958, Zhu Rongji se trouve dans le collimateur du Parti communiste. Alors âgé de 30 ans, travaillant au Plan, il ose s'élever publiquement contre le «grand bond en avant» voulu par Mao, l'estimant irréaliste et coûteux en vies humaines. Qualifié de «droitiste», il est soumis à l'autocritique et envoyé en rééducation dans une ferme. Réintégré après quelques mois dans un poste de bureaucrate, il est de nouveau «purgé», en 1970, en pleine révolution culturelle. Réhabilité en 1978, Zhu refait son chemin au ministère du Pétrole avant d'être propulsé, dix ans plus tard, maire de Shanghai, en compagnie de l'actuel numéro 1 du régime et