Pristina, envoyée spéciale.
Comme celle de la veille, la manifestation des Albanais a duré une demi-heure. Assis sur la chaussée, non loin de l'immeuble du gouvernement, les jeunes ont agité clefs et clochettes. A 11 h 30, ils se lèvent, donnant le signal de la dispersion. Un mouvement agite alors la foule. La police, en gilets pare-balles, a pris position autour du siège du gouvernement. Un policier lance un ordre. Quelques jeunes filles s'évanouissent.
Les protestataires se dispersent en scandant des mots d'ordre. L'atmosphère est survoltée. Une camionnette de la télévision serbe, avec sa plaque d'immatriculation de Belgrade, est cabossée de coups de pied. A l'autre bout de la rue, une bagarre éclate et les fenêtre d'une voiture du Monténégro sont brisées. Plus loin, raconte une photographe allemande, un groupe de jeunes Albanais lancent des pierres près du poste de police. Les policiers les dispersent à coups de matraques. Un cameraman ukrainien qui veut filmer la scène se fait tabasser par des hommes en civil. Pour les policiers serbes, les journalistes ont pris parti en faveur des Albanais. «Nous savons qui vous paye, s'emporte un inspecteur. Les Albanais offrent de l'argent et des filles aux journalistes hébergés à l'hôtel Grand.»
Caméra brisée. A 1 kilomètre de là, une autre manifestation est prévue, rassemblant cette fois des Serbes. Un cameraman de la télévision belge attend les protestataires. Il est pris à partie par un groupe de civils qui se tiennent derrière un