L'universitaire et sinologue Jean-Luc Domenach publie dans quelques
semaines l'Asie en danger (1). Il commente pour Libération la nouvelle donne chinoise.
Le Premier ministre promet d'achever en trois ans la réforme des entreprises d'Etat, dont un tiers est déficitaire, et la remise à flot des banques commerciales. Est-ce réalisable?
Aucun spécialiste informé ne peut prendre cela au sérieux, en raison des incertitudes financières du pays et des coûts qui seront attachés à l'opération de refonte des entreprises d'Etat.
Le chômage massif qui va accompagner la réforme des entreprises d'Etat constitue-t-il un grand danger?
C'est un danger massif pour des raisons économiques, sociales et politiques. Des villes entières sont concernées, notamment Shenyang, dans le nord du pays. Ces villes industrielles pourraient se soulever, connaître une insurrection. Le coût financier sera abominablement élevé, car il va falloir fournir des aides sociales et des emplois. On ne voit pas d'ailleurs comment cela sera possible sans un afflux d'investissements étrangers.
Le nouveau Premier ministre, Zhu Rongji, peut-il être une sorte de Gorbatchev?
On ne sait pas. Il va jouer son va-tout et on va voir qui il est vraiment. Jusqu'à présent, il a toujours été abrité par d'autres et a joué les seconds rôles. On ne sait pas jusqu'où il est capable de penser par lui-même, ni s'il a suffisamment de personnalité pour résister aux deux autres membres de la troïka, le président Jiang Zemin et le président du Parleme