Présidente du Cercle des journalistes de Bogota, Gloria Tamayo
s'indigne: «La liberté de la presse est morte. Fini le secret professionnel, le libre accès aux sources, les droits sociaux des journalistes.» Olga Fernandez de Soto, patronne des patrons de presse, est au contraire ravie: «Les journalistes devront désormais se mesurer sur le marché du travail avec des personnes d'autres spécialités. C'est leur professionnalisation qui est en jeu.»
Regroupés au sein de l'Association nationale des quotidiens (Andiarios), les directeurs de journaux ont obtenu mercredi de la Cour constitutionnelle l'annulation du statut des journalistes instauré en 1975, considéré à l'unanimité des juges comme contraire au droit à la libre expression. La profession est en effet jusqu'à présent réservée aux titulaires d'une carte de presse, obtenue après plusieurs années d'études supérieures. Cette carte leur donne accès à de nombreux documents de l'administration. Les journalistes bénéficient, par ailleurs, de la retraite anticipée et de rémunérations garanties par une grille salariale.
Les patrons pourront désormais embaucher qui bon leur semble, sans contrainte. Les journalistes ont tenté, en vain, de faire valoir que leurs droits ne constituaient pas des privilèges, mais une indispensable protection dans un pays où, en vingt ans, 115 des leurs ont été assassinés. Ils dénoncent surtout la disparition, avec leur statut, de l'article qui consacrait leur droit au secret professionnel, précisant que les