Eugène-Gabriel-Gervais-Laurent Tisserant est né à Nancy en 1884.
Orientaliste émérite, spécialiste d'assyriologie, il doit en 1914 servir «la France, fille aînée de l'Eglise». A la tête de ses spahis, il participe à la prise de Gaza en Palestine en 1917, aux côtés des Anglais, notamment Lawrence d'Arabie" En 1936, il devient cardinal. Nommé à la tête de la bibliothèque Vaticane, il veille sur les secrets du Saint-Siège. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il affiche, au nom de ses origines lorraines, son attachement au gaullisme. Auteur d'un courrier régulier au Témoignage chrétien de la clandestinité, il écrit à Pie XII en juin 1944, pour évoquer «l'assistance spirituelle aux hommes du maquis». C'est au Vatican que le prélat entame une carrière aux innombrables contradictions, à base de diplomatie secrète et de manoeuvres. Numéro 1 de la curie romaine, numéro 2 du Vatican, cet antimussolinien affiché protège le collaborateur Marcel Déat, chef du Rassemblement national populaire, caché en Italie après guerre. En relation avec le colonel Passy, chef des services secrets gaullistes, Tisserant fait sortir Konrad Adenauer de sa cachette pour en faire l'interlocuteur de la reconstruction.
Très vite, l'urgence pour le cardinal réside dans la lutte contre le communisme. Présent dans toutes les implications secrètes du Vatican, notamment avec le réseau Gladio de l'Otan, il s'investit peu dans Vatican II. Elu à l'Académie française en 1961, il meurt en 1972.
Comme le précisent Kaufer e