Tokyo, de notre correspondante.
Ils sont devenus les nouveaux héros du pays. Ceux qui, le temps des Jeux olympiques, ont ressuscité l'idée d'un Japon qui gagne et permis au public, d'ordinaire si prude, d'exulter. Avec ses sourcils épilés et ses mèches légèrement teintées, Kazuyoshi Funaki (médaille d'or en saut à skis) incarne une nouvelle génération de jeunes athlètes qui se moquent des conventions. Tout comme Hiroyasu Shimizu (médaille d'or en patinage de vitesse) et sa lourde tignasse décolorée. Mais au Japon, ces fantaisies capillaires ont choqué. Si la presse nippone s'est attardée sur les mèches de ces athlètes, ce n'est pas seulement par goût de l'anecdote. Les médaillés de Nagano ont osé abandonner la rigidité inhibante imposée jusqu'ici aux athlètes, observait récemment le Tokyo Shimbun. Mieux, ils ont brisé un tabou touchant à l'enseignement du sport et plus fondamentalement au fonctionnement du système scolaire, en crise profonde.
Critères cosmétiques. L'affaire va loin: un enseignant d'une des nombreuses écoles privées de bachotage de Tokyo, les fameux juku, dans le quartier d'Edogawa à l'est de la capitale, évoque ainsi les critères cosmétiques d'entrée de certaines écoles primaires ou collèges: des recrues dont les cheveux n'étaient pas raides et noirs ont dû fournir un certificat médical attestant que leur couleur était naturelle! Exigence lourde de sous-entendus sur l'origine ethnique de l'élève, les Japonais étant censés avoir tous les cheveux raides et noirs