Menu
Libération

Immigration: l'Espagne aux aguets. Alors que les clandestins affluent par Gibraltar, la police a été renforcée.

Article réservé aux abonnés
publié le 24 mars 1998 à 20h25

Madrid, de notre correspondant.

Avec le retour du beau temps sur le sud de l'Espagne, le trafic d'immigrés clandestins a repris de plus belle à travers le détroit de Gibraltar. La Garde civile de la mer a intercepté, dans la nuit de samedi à dimanche, deux pateras, ces fragiles embarcations de quelques mètres de long sur lesquelles les passagers de l'autre bord risquent leur vie. Quarante-huit clandestins ont été mis en détention puis rapatriés. D'autres espaldas mojadas (dos mouillés) ont eu moins de chance, il y a une semaine: l'embarcation a fait naufrage. Au moins dix personnes sont portées disparues, leurs corps n'ont pas été retrouvés. Pour tenter d'enrayer le phénomène, la police espagnole vient de lancer le «Plan Sud»: une centaine d'agents supplémentaires pour renforcer la surveillance des ports et enquêter sur les réseaux de trafiquants d'immigrés clandestins. Ces petites mafias qui aident les Maghrébins candidats au voyage à s'introduire en Espagne, puis à remonter vers la France ou l'Italie, sont qualifiées de «négriers du XXe siècle» par le gouvernement espagnol. «Ces mafieux exploitent les immigrés en leur extorquant l'argent qu'ils n'ont pas et en leur faisant des promesses faciles: ce sont eux qu'il faut poursuivre», annonce Juan Cotino, le directeur général de la police espagnole. Un négoce profitable. Le négoce du passage du détroit s'est développé depuis le début des années 90, quand l'Espagne a instauré des visas pour les pays du Maghreb. Il y a une se