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Libération
Portrait

Viktor Tchernomyrdine, pâle et fidèle apparatchik. Le Premier ministre sortant faisait route commune avec Boris Eltsine depuis cinq ans.

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publié le 24 mars 1998 à 21h18

Moscou, de notre correspondante.

Piètre orateur, un style terne empreint de son passé d'apparatchik, l'ex-Premier ministre russe Viktor Tchernomyrdine, 58 ans, était aux antipodes de son patron, Boris Eltsine. Les deux hommes avaient pourtant fait route commune depuis décembre 1992, date à laquelle Tchernomyrdine fut promu chef de gouvernement par défaut, la Douma (Chambre basse du Parlement) s'opposant à la reconduction du trop réformateur Egor Gaïdar. Dans un pays où les luttes de clans usent le personnel politique à une vitesse accélérée, l'ex-Premier ministre a ainsi remporté un record de longévité, acquérant même une dimension d'homme d'Etat limitée mais bien réelle à la faveur des absences prolongées d'Eltsine pour raison de santé. Cet obscur gestionnaire avait fait ces derniers temps des efforts de communication, apparaissant en bras de chemise lors d'une très populaire émission de télévision et avouant jouer de l'accordéon. On l'avait aussi vu, lors d'une grève générale, discuter avec des manifestants et s'étonner, dans une allusion à ses origines paysannes, que «dans les villages, on vive si mal aujourd'hui», comme l'affirmait une femme. Mais l'homme, qui fut pendant trente ans membre du Parti communiste (de 1961 à 1991) et entra au comité central en 1986, a du mal à se départir de sa carapace d'apparatchik, gros travailleur mais mal à l'aise en public.

L'ex-Premier ministre entretenait aussi à dessein ce style discret et ce discours flou. La prudence extrême qui le