Les auditions de la mission d'information du Parlement français sur
le Rwanda ont démarré hier sur les chapeaux de roue. La quinzaine de députés présents étaient venus assister à un cours magistral sur l'histoire et la sociologie de ce pays. Ils ont eu droit à un réquisitoire. Deux universitaires, Claudine Vidal et André Guichaoua, avaient été invités pour éclairer les élus de la nation, peu aux faits de l'ethnographie et des clivages politiques rwandais. Consciencieusement, ces deux enseignants ont abordé l'importance des régimes alimentaires lactés pour expliquer les différences entre Hutus et Tutsis ou l'évolution de l'idéologie «ethniste» dans le Rwanda contemporain. Puis ils ont «mis les pieds dans le plat», comme dit un député PS.
Claudine Vidal s'en est prise à tous les «intervenants français» sur la scène rwandaise, qu'ils appartiennent aux «milieux politiques, de la coopération ou militaires»: «Nous nous apercevions que nombre d'entre eux avaient une conception de ces problèmes qui reproduisaient purement et simplement la propagande des extrémistes hutus», c'est-à-dire celle des futurs auteurs d'un génocide qui a causé la mort de 800 000 personnes. «Pourquoi?», s'interroge-t-elle. Le député François Loncle (PS) saisit la balle au bond: «S'il y a eu des erreurs d'analyse de la part des responsables français, il serait bon que nous puissions disposer des notes ou entendre les spécialistes du Quai d'Orsay.» Paul Quilès, président de la mission: «J'en ai demandé la commu