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Libération

Rwanda: l'incessante menace des raids de miliciens hutus. Repliés près des volcans, les «Interhamwe» descendent des hauteurs pour tuer et piller.

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publié le 25 mars 1998 à 21h20

Ruhengeri, envoyé spécial.

Mukamira se situe exactement à mi-route entre Ruhengeri et Gisenyi, deux villes du nord du Rwanda. Ce matin, la bourgade est en effervescence, envahie de militaires. Flegmatiques, peu bavards, sans brutalité apparente, ces soldats tutsis, dont l'allure est restée célèbre depuis leur invasion du Rwanda puis du Zaïre, sillonnent les routes, fouillent les maisons, surveillent les marchés. Dans la nuit, un commando d'Interhamwe (miliciens hutus) avait attaqué les maisons en amont du bourg. Une patrouille de militaires a riposté, puis les a poursuivis avec une mitrailleuse montée sur une camionnette Toyota. Trois paysans ont été tués, deux femmes ont été blessées. Quatre miliciens hutus au moins ont été abattus, sans doute au cours de la traque à travers les collines. Deux militaires auraient été tués. Au Brarirwa, dépôt de bière Primus, Gahamanji, le photographe local, raconte: «Ici, c'est un peu la guerre toutes les nuits. Ce sont des gens de notre population qui ont fui vers les volcans. Maintenant, ils n'ont plus où aller, alors ils viennent, ils tuent des gens, ils prennent des chèvres et des sacs. Les militaires les tuent et cognent leurs familles. Pour nous tous, c'est une bien mauvaise situation.» La veille, cinq ou six personnes étaient tuées dans un accrochage à Nkuli, le chef-lieu de la commune, dont le bourgmestre, Joseph Murindihabi, est en congé longue durée, comme la plupart de ses confrères de la région. Deux jours plus tôt, une échauf