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Libération
Interview

«En réalité, l'Amérique ne fait rien en Afrique». Pour Gérard Prunier, la tournée Clinton est une opération de relations publiques.

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publié le 26 mars 1998 à 21h28

Pour Gérard Prunier, chercheur au CNRS, spécialiste de l'Afrique

orientale (1), l'émergence d'une nouvelle génération de dirigeants à l'est du continent est un concept creux. Et le voyage du président américain, une opération de relations publiques plus que la manifestation d'un véritable intérêt pour l'Afrique. De Kampala, il répond à nos questions.

Les nouveaux amis de Clinton sont-ils ceux qui, comme le souhaite le président américain, feront la «renaissance africaine»?

Ces dirigeants forment un groupe qui se définit essentiellement par la négative. C'est-à-dire qu'ils ne sont pas ce qu'étaient leurs prédécesseurs, ou du moins essaient-ils de ne pas l'être. En théorie, ils sont censés se diriger vers la démocratie. Ils prétendent pratiquer une économie libérale. Et ils sont censés respecter les droits de l'homme. Il n'y a que la clause économique qui soit relativement appliquée.

En ce sens, ils ne seraient pas plus recommandables que leurs prédécesseurs?

C'est variable. Le degré des respects des droits de l'homme varie de l'Ouganda où, en gros, ils sont respectés, au Rwanda où une partie du pays est devenue une zone de tir libre. Sur le plan économique, on oscille de l'Ouganda, où il y a une ouverture, à l'Ethiopie, où l'économie est largement dirigiste. Quant à la république démocratique du Congo, elle est au bas de l'échelle: c'est-à-dire pas de respect de la démocratie et une libéralisation économique qui demeure théorique, parce que l'économie est dans un tel état de délab