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Libération
Reportage

Kosovo: «Ici, personne ne se rendra».

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Dans les villages sans femmes ni enfants, les hommes en armes sont prêts à résister.
publié le 26 mars 1998 à 21h28

A première vue, Laush est un village vide. Au second regard, Laush est un village d'hommes. Et en dernière analyse, Laush est un village d'hommes armés qui attendent que, du jour au lendemain, fondent sur lui les policiers serbes en sentinelle sur les collines qui l'enserrent. De la route asphaltée qui traverse la petite commune de la région de la Drenica, composée de dix hameaux regroupant chacun un clan familial et ses multiples petites maisons, le village semble abandonné. Nul enfant ne joue dans les rues. Nul ne travaille au champ, mais à la différence des villages fantômes saccagés par les récentes opérations des Serbes, il n'y a pas de chiens errants ni de bétail esseulé.

Dès que le voyageur s'arrête sur le bord de la route, un homme, suivi d'un autre, éventuellement d'un troisième, surgissent comme de nulle part: «Il ne reste plus qu'un homme par maison, pour la garder et nourrir le bétail», disent-ils. L'automobiliste plus curieux qui s'engage sur un chemin de terre, a la surprise de voir trois hommes descendant en sifflotant de la colline, le fusil sous le bras. A l'approche de l'intrus, ils ajustent des cagoules sur leur visage et lui intiment l'ordre de rebrousser chemin.

Impacts de balles. De retour au village, il faut être introduit pour pénétrer dans les maisons. Celle du patriarche de la famille G., porte plusieurs traces d'impacts de balles. «Vous voyez, les policiers tirent de derrière ce pylône, sur la colline», dit-il. Contrairement aux rues