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Libération

La croix empoisonnée d'Auschwitz. Après le Carmel, une nouvelle affaire envenime les rapports juifs-Polonais.

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publié le 26 mars 1998 à 21h29

Varsovie, de notre correspondante.

Cinq ans après le déménagement des carmélites du couvent jouxtant l'ancien camp d'extermination nazi d'Auschwitz-Birkenau, un nouveau litige sur la présence d'une croix haute de huit mètres adossée au mur du camp empoisonne les relations, déjà difficiles, entre juifs et Polonais. Tous les jours, quelques dizaines de personnes du comité de défense de la croix d'Auschwitz se rassemblent l'après-midi devant la croix plantée à l'endroit de l'ancienne carrière où les Allemands avaient fusillé en mars 1941 près de 80 prisonniers politiques polonais. Elle provient d'un autel construit là où étaient les rampes d'accès ferroviaires de Birkenau. Le pape Jean Paul II y avait célébré une messe lors de son premier pèlerinage en Pologne en 1979. Neuf ans plus tard, au moment de l'affaire du Carmel, les paroissiens opposés au transfert des religieuses l'avait ressortie d'un dépôt pour la mettre dans le jardin des carmélites sans l'autorisation de leur évêque, le cardinal Franciszek Macharski. «Les juifs veulent dominer à Auschwitz, alors qu'ils n'ont rien à faire ici, ils étaient tués à Birkenau, le camp auxiliaire distant de 3 kilomètres», explique Jan Bartula (50 ans), chef du comité qui compte aujourd'hui 400 membres. En effet, juifs et Polonais se disputent depuis quelques années ce symbole du martyre de l'humanité. Pour les premiers, le camp nazi d'Auschwitz-Birkenau, où plus d'un million de juifs de toute l'Europe ont trouvé la mort dans des chambre