Le président syrien Hafez el-Assad a sonné l'hallali contre son
frère Rifaat. Privé de toutes ses fonctions au sein du Baas, exclu même de ce parti sous l'accusation de trahison et placé en résidence surveillée à Lattaquié, Rifaat el-Assad est aujourd'hui menacé par une série d'investigations plus ou moins secrètes ordonnées par le régime syrien. Celles-ci s'emploient à percer sa formidable assise financière, qui fait de lui l'un des hommes les plus riches de Syrie. Soit pour pouvoir instruire un procès à charge contre lui, ce qui est aujourd'hui possible puisqu'il est redevenu un citoyen ordinaire. Soit pour l'amener à plier et à négocier. Selon des sources concordantes, Damas a récemment dépêché en Europe des missions d'enquête dans le but de démêler l'écheveau compliqué des sociétés que Rifaat contrôle directement ou indirectement. L'une d'elles a travaillé à deux reprises, dont l'une récemment en France, pays où, jusqu'alors, de François de Grossouvre à Charles Pasqua, de François Mitterrand à Jacques Chirac, les appuis politiques les plus hauts ne lui ont jamais manqué. Mise à l'écart. En juillet 1997, Rifaat est toujours l'un des trois vice-présidents du pays. Il l'est depuis 1984. En réalité, ce poste traduit sa mise à l'écart. Pour avoir tenté de renverser son frère, alors hospitalisé, en novembre 1993, il a été privé de tout pouvoir et contraint à l'exil. Il a bien sûr perdu le commandement de sa garde prétorienne, les terribles Brigades de défense (au moins 30 000