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Libération

L'Europe et l'Asie se rencontrent à Londres pendant deux jours. «Les immigrés mangent le riz des Thaïs». Durement touché par la crise, Bangkok expulse sa main-d'oeuvre étrangère.

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publié le 2 avril 1998 à 0h11

Bangkok, de notre correspondant.

A intervalles réguliers, un pick-up de l'immigration thaïlandaise dépose sur le pont de Klong Luek, point de passage frontalier entre la Thaïlande et le Cambodge, une dizaine de Cambodgiens sans papiers. «Rentrez chez vous», invite poliment un officier de police. Les immigrants obtempèrent et traversent le pont en bon ordre. Derrière eux, les portes de l'eldorado thaïlandais se referment. La même scène se répète ces jours-ci sur toutes les frontières. A Mai Sae, Mae Sot et Ranong sur la frontière avec la Birmanie. A Nong Khai sur la frontière avec le Laos. Et à Aranyaprathet sur la frontière avec le Cambodge. Premier pays touché par la crise économique qui secoue aujourd'hui toute l'Asie orientale, la Thaïlande expulse à toute vitesse ses travailleurs immigrés, légaux et illégaux. Comme dans d'autres pays touchés par la crise et le chômage, le discours est le même: «Les étrangers mangent le riz des Thaïlandais.» Un million de Thaïlandais sont déjà au chômage, et entre 2 et 2,9 millions le seront dans un an, selon diverses estimations officielles. Le départ des immigrés permettra à l'économie nationale de résorber le nombre croissant de chômeurs, espère le gouvernement du Premier ministre, Chuan Leekpai, qui a annoncé, le 19 janvier, l'expulsion de 300 000 immigrés sur un million en six mois. Chasse aux illégaux. Ceux qui sont actuellement en situation régulière sont priés de rentrer chez eux à l'expiration de leur permis de travail, soit au