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Libération

En 1994, 50 000 morts à Bisesero. Un rapport révèle l'horreur d'une tuerie au Rwanda.

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publié le 3 avril 1998 à 0h15

Quatre ans après le génocide, les collines de Bisesero sont encore

jonchées de crânes et d'ossements. Ici, sur les hauteurs vertes de Kibuye, le chef-lieu de préfecture du Rwanda qui comptait le plus de Tutsis avant le 7 avril 1994, s'est joué un épisode unique de l'histoire du génocide rwandais. Trois mois durant, des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants armés de pierres et de machettes ont opposé une résistance désespérée aux assauts de militaires, de miliciens et de civils armés . Ici, à côté des dépouilles des milliers de Tutsis massacrés du début d'avril à la fin du mois de juin, gisent celles de leurs bourreaux.

L'épilogue de cette résistance héroïque est sinistre. Quand le 26 juin, des soldats français de l'opération Turquoise arrivent à Bisesero, les survivants se risquent à sortir des buissons et des ravines malgré la présence, aux côtés des Français, de miliciens en armes. Les militaires français leur promettent de revenir dans trois jours. Ils tiendront leur promesse. Mais les miliciens seront plus rapides. Les réfugiés sont à découvert, épuisés par trois mois de lutte et de privations. Près de un millier d'entre eux seront exécutés entre le 26 et le 30 juin.

«Il est difficile de comprendre pourquoi, après avoir été informés de la gravité de la situation, ils (les Français, ndlr) n'ont pas laissé derrière eux quelques soldats qui auraient pu protéger les réfugiés pendant qu'ils allaient chercher des renforts», écrit l'ONG African Rights, qui publie aujourd'hui