La justice iranienne a fait arrêter et écrouer samedi le
tout-puissant maire de Téhéran, portant un coup très dur à l'actuel président réformiste, Mohammed Khatami, et faisant, pour la première fois, éclater au grand jour les rivalités internes au régime. Inculpé d'«escroquerie et de mauvaise gestion» à la tête de sa municipalité (11 millions d'habitants), Gholamhussein Karbastchi, 45 ans, a été conduit à la prison d'Evine et placé en détention provisoire. «En raison de preuves dont le tribunal dispose et après avoir soumis le maire à un contre-interrogatoire, M. Karbastchi a été placé en détention provisoire en vertu de la loi sur le détournement de fonds de 1987», a affirmé le procureur général. Exprimant son désaccord, le ministère de l'Intérieur, auquel il incombe de nommer les maires des grandes villes, a protesté samedi contre cette arrestation, laissant entendre qu'il n'avait pas été consulté. De son côté, le porte-parole du gouvernement, Ataollah Mohadjerani, a indiqué que la prochaine réunion hebdomadaire du cabinet, à laquelle Karbastchi participait habituellement, allait se prononcer «en priorité» sur sa mise en détention.
En fait, derrière l'incarcération du maire se dessine l'attaque des milieux conservateurs, y compris du Guide de la République, l'ayatollah Ali Khamenei, contre le président iranien. Karbastchi, bête noire de ces milieux qui lui reprochent des initiatives jugées trop modernistes et d'avoir mis à mal leurs intérêts économiques à Téhéran, avait pesé