Apiau (Etat du Roraima), envoyé spécial.
Sous un auvent de paille, le four en terre chauffe une marmite pleine de semoule de manioc. Raimundo da Costa et sa femme, Francisca, la brassent sans cesse avec des palettes en bois. Un travail de plusieurs heures, dans les volutes de fumée et de vapeur, pour préparer des sacs de farine qui seront vendus trois sous au marché du hameau voisin. Quelques jours plus tôt, le feu a dévasté la région. A deux pas de l'auvent, la cabane familiale est depuis entourée de troncs calcinés. «Quand j'ai vu le tourbillon de brandons foncer sur nous, j'ai paniqué, raconte Francisca. Le feu a pris à toute allure, les bananiers brûlaient comme du gaz. Il y avait tellement de fumée que l'on ne se voyait plus l'un l'autre. J'ai seulement pensé à protéger les gosses.»
Ce matin-là, le vent soufflait fort, propageant l'incendie qui a ravagé pendant plusieurs jours la forêt amazonienne d'une plantation à l'autre. «Grâce à Dieu, les pompiers sont arrivés à temps mais tout a été si vite que j'ai oublié l'entrepôt.» Les flammes ont dévoré le stock de 40 sacs de riz, l'essentiel de la maigre récolte. Les quelques arbres fruitiers et les plants de manioc, de riz et de haricots ont aussi été ravagés. Une catastrophe pour ce couple aux dix enfants, la plupart en bas âge, installé au bord d'une piste, en lisière de forêt.
Culture sur brûlis. «Je regrette d'être venu vivre ici, confie Raimundo, mais je n'ai plus le choix, je dois rester. Sans argent, où aller?» Il y a