Sarajevo, envoyé spécial.
«Soyez des patriotes de la tolérance. Donnez vous la main!» Pour son discours de Sarajevo, Jacques Chirac n'avait pas voulu, hier, un auditoire d'adultes. Sans doute, pense-t-il que les générations de la haine et de la guerre ont été trop atteintes pour être «récupérables». Et sans doute n'a-t-il pas tort. C'est donc devant quelques centaines d'adolescents appartenant théoriquement aux trois communautés de Bosnie-Herzégovine qu'il a lancé son appel à la réconciliation. C'était en fin de matinée dans le théâtre municipal. Reste à savoir si le président français aura été entendu. Les applaudissements polis qui l'ont salué contraignent à la prudence. Tout comme, d'ailleurs, le nombre extrêmement limité d'habitants de la ville qui se sont déplacés pour apercevoir Jacques Chirac, que ce soit au pont de Verbanja, dont le président avait ordonné la reprise en mai 1995, après que des combattants serbes déguisés en Casques bleus s'en soient emparés, ou au marché de Markale, dont le bombardement avait fait 70 morts, en 1994, ou dans la Vieille Ville. Marqué par une émotion indéniable, le discours de Sarajevo constitue pourtant une des meilleures interventions du Président. L'idée de s'adresser aux jeunes pour une fois n'était pas convenue tant leurs aînés sont devenus autistes. Des jeunes que Chirac a adjurés de «ne pas céder au découragement et au renoncement», de «croire en la fraternité», de «construire un pays où les citoyens de toutes origines, de toutes