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Libération

Mission sur le Rwanda: Paris sur la sellette. Des missiles d'origine française dans l'attentat contre Habyarimana?

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publié le 8 avril 1998 à 0h01

La phrase est sortie comme une salve. «A gauche et à droite, je vous

entends plaider. Il faut pas plaider!», lance Filip Reyntjens aux parlementaires de la Mission d'information sur le Rwanda. L'universitaire belge était entendu hier, avec l'historien français Jean-Pierre Chrétien, comme expert. Il attendait des questions. Il a surtout entendu des plaidoyers pro-français de la part de députés dont certains semblaient assez énervés.

C'est que la classe politique française s'affole. La mission d'information présidée par l'ancien ministre de la Défense socialiste Paul Quilès n'en est qu'à sa troisième réunion que, déjà, l'ambiguïté du rôle joué par la France au Rwanda met la droite comme la gauche, qui partageaient le pouvoir en 1994, dans une position inconfortable. Les déclarations, lundi, de l'ancien ministre de la Coopération (novembre 1994-mai 95) Bernard Debré, admettant que la France avait livré des armes au Rwanda après le début des massacres, alors que Paris l'a toujours nié, n'ont abouti qu'à faire monter la pression. Au coeur du débat, l'attentat, le 6 avril 1994, contre l'avion du président Juvenal Habyarimana au moment où il allait atterrir à Kigali. C'est, dit Reyntjens, «l'étincelle» qui met le feu aux poudres et déclenche le génocide, dont il affirme aujourd'hui qu'il a plus vraisemblablement fait 1,1 million de morts que les chiffres généralement admis (de 500 à 800 000). «Nous disposons des numéros de série des deux missiles sol-air qui ont servi à abattre l'a