Menu
Libération

L'espoir déçu de Mary Robinson à l'ONU. La Haut-Commissaire aux droits de l'homme n'est guère soutenue par les Etats occidentaux.

Article réservé aux abonnés
publié le 9 avril 1998 à 0h39

Genève, de notre correspondant.

En septembre dernier, Mary Robinson était attendue tel le messie à Genève, porteuse d'un formidable espoir de changement. L'unique ambition de son prédécesseur, José Ayalla Lasso, consistait, il est vrai, à ne froisser personne. Mary Robinson semblait, elle, rassembler toutes les qualités d'un Haut-Commissaire des droits de l'homme aux Nations unies: ancienne avocate de gauche, féministe, voulant être «un pont entre le Nord et le Sud», alliant des convictions profondes en matière de respect de l'être humain à une parfaite connaissance des dossiers, tout en ayant connu l'exercice du pouvoir comme présidente irlandaise. «Je serai la voix des victimes, déclarait-elle d'ailleurs lors de sa première conférence de presse. Je serai implacable. Je veux briser le cycle de l'impunité.»

Six mois plus tard, les convictions de la Haut-Commissaire n'ont pas changé d'un iota. Elle ne s'est fait corrompre ni par l'inertie de la bureaucratie onusienne, ni par le jeu des pressions et intimidations de certains gouvernements. Mais elle ne tient plus exactement le même discours. Plutôt que de dénoncer publiquement les violations des droits de l'homme, elle est aujourd'hui, au nom de l'efficacité, l'avocate d'une diplomatie plus «discrète». Son futur voyage en Chine en est un exemple. Elle explique cette nouvelle prudence par sa volonté de bâtir un consensus entre une vision occidentale des droits de l'homme basée sur les droits civiques et politiques, et une concep