Rome, de notre correspondant.
Place du Saint-Office, numéro un. Sur la gauche de la basilique Saint-Pierre, l'austère façade du bâtiment qui abrita pendant plus de quatre siècles le siège central de l'Inquisition semble défier la frénétique circulation romaine. Les deux énormes battants en bois de la porte sombre protègent une cour Renaissance. Au fond, sous des arcades, une autre porte, blindée, barre l'accès au trésor du palais: 4 500 volumes témoignant des grandes controverses théologiques qui, à partir de la fondation de la Congrégation du Saint-Office en 1 542, à la suite de la Réforme protestante, ébranlèrent l'Eglise catholique (jansénisme, mysticisme, marranisme, etc.). Ainsi que quelques rares actes de procès en hérésie, ou encore une centaine d'ouvrages consacrés aux cas d'usure, de polygamie, de sodomie, de sortilèges" Au bout d'un couloir, quatre personnes dans une petite salle sans fenêtre consultent avidement quelques-unes de ces pièces constitutives de la mémoire de l'Église. Car le palais du Saint-Office où se déroulèrent naguère d'innombrables procès, dont ceux intentés à Galilée, Giordano Bruno, Tommaso Campanella et dans lequel furent emprisonnés des centaines d'«hérétiques», a ouvert ses portes. Les archives de la «Suprême Congrégation» de l'Inquisition ainsi que celles de l'Index qui fut autrefois chargé de censurer les écrits hétérodoxes sont désormais accessibles aux universitaires. «Pendant des années, j'ai adressé des demandes pour avoir accès à certa