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Libération

Patassé, main basse sur les diamants. Le président centrafricain a accaparé l'exploitation des pierres précieuses.

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publié le 9 avril 1998 à 0h38

Bangui, envoyé spécial.

Ils ont élu domicile dans une grande bâtisse blanche à flanc de colline, juste en contre-haut de la résidence présidentielle d'Ange-Félix Patassé, la villa Adrienne. Ce sont plusieurs Portugais de nationalité sud-africaine, Tony Teixeira, son frère, son beau-frère et Joe Dos Reis. Ce dernier, directeur de la Central African Mining Company (Camco), exulte en évoquant «l'avenir fabuleux» d'une exploitation diamantaire «comme la Centrafrique n'en a jamais connu». D'ici un trimestre, la Camco ambitionne de produire 10 000 carats par mois, l'équivalent de 2 millions de dollars (12 millions de francs), et, dans un an, 45 000 carats, soit la production annuelle du pays tout entier. «Depuis le début de nos opérations, en septembre, nous avons déjà investi plus de trois millions de dollars (18 millions de francs)», affirme Joe Dos Reis en montrant les cartes, précises comme celles d'un état-major général, des cinq concessions de la Camco, au total près de 10 000 km2. Pour l'instant, seuls les 1 996 km2 près de Bria, dans le nord-est qui passe pour la meilleure zone diamantifère en Centrafrique, font l'objet d'une ruée sur les gemmes comme les chercheurs artisanaux sur place n'en avaient effectivement jamais vus. «Ils font ça à l'échelle industrielle, dit l'un d'eux. Ils ont fait venir une soixantaine d'expatriés dont une trentaine de plongeurs, des gardes de sécurité armés, des bulldozers, des véhicules amphibies, un hélicoptère et même leur propre avion-cargo