Moscou, de notre correspondante.
Les syndicats russes appellent aujourd'hui à une journée d'action afin de protester contre les arriérés de salaires, véritable fléau de l'économie. Cette mobilisation, à la veille du vote de la Douma sur la candidature de Sergueï Kirienko au poste de Premier ministre, rajoute encore au tumulte politique créé par le limogeage surprise du gouvernement, le 23 mars dernier, par Boris Eltsine.
Au total, les arriérés de salaires atteignent la somme astronomique de 58 milliards de roubles (près de 60 milliards de francs). La capitale est relativement épargnée en raison de sa prospérité financière et de la politique sociale du maire. Mais le reste du pays est durement touché. Plus de la moitié des salariés et fonctionnaires auraient des retards de salaires allant jusqu'à plusieurs mois, voire un an.
Les Russes font toutefois preuve d'une incroyable patience. Des grèves sauvages et des actions spontanées (blocages de routes, de la ligne de l'Orient-Express) ont lieu de temps à autre. Mais le mouvement social reste contrôlable, en raison du fatalisme ambiant mais aussi du manque de combativité syndicale. La Fédération des syndicats indépendants, à l'origine du mouvement d'aujourd'hui, est issue des anciens syndicats communistes et n'a pas vraiment coupé les liens avec le pouvoir. Son président Mikhaïl Chmakov aurait rencontré déjà deux fois Kirienko. Venu au meeting organisé hier par les syndicats de la santé devant la Maison Blanche, il s'est dit «opti