Jakarta, envoyée spéciale.
Alors que tous les indicatifs économiques et sociaux sont au rouge en Indonésie, les diplomates et experts militaires occidentaux excluent pour l'instant la perspective d'un nouveau coup d'Etat militaire. Le vieux dictateur Suharto a bien ficelé son canevas. Début février, un remaniement dans l'état-major lui a permis de placer deux fidèles aux postes clés. Son ancien aide de camp, le général Wiranto, est devenu commandant en chef des forces armées, en remplacement du général Feisal Tanjung; et son gendre, le général Prabowo, qui dirigeait les forces spéciales (Kopassus), a pris la tête des forces stratégiques (Kostrad), les neuf unités d'élite du pays, seules réellement capables de mater des soulèvements populaires; le reste de l'armée de terre s'apparentant davantage à une vaste gendarmerie. Des intérêts économiques bien compris lient également les officiers supérieurs aux grands conglomérats tenus par les «quarante familles» où se retrouvent les enfants Suharto et quelques grandes fortunes chinoises. Enfin, «l'organisation de l'armée a été pensée afin d'empêcher l'acte isolé d'un commandant ou d'un groupe d'officiers mécontents», relève Bob Lowry, spécialiste australien de l'armée indonésienne, à laquelle il vient de consacrer un ouvrage. Le réseau de renseignement est efficace, et la capitale est protégée par différentes unités, appartenant à plusieurs postes de commandement, réduisant ainsi le risque de coup d'Etat.
Chinois, boucs émissaires. Ma