Belfast, envoyé spécial.
A la frontière de son ghetto, Tom montre comment le mur séparera son quartier des rues catholiques. «Il coupera le terrain vague et la rue ici, puis passera au fond des jardins là-bas et ensuite montera sur la colline», explique cet ancien soldat qui n'a jamais servi en Irlande du Nord, dessinant avec ses mains la géographie de l'exclusion qui une nouvelle fois découpera les rues de Belfast. Haines contre haines, peurs contre peurs. Couleurs britanniques. Le quartier de Tom, White City, enclavé au milieu de rues majoritairement catholiques, montre ses couleurs. Des Union Jack, symboles du rattachement à la Couronne britannique, pendent trempés de pluie à tous les lampadaires de la rue. Les bords de trottoir sont peints aux couleurs du drapeau anglais, et sur le panneau annonçant White City ses habitants ont ajouté «loyalist», le nom accolé aux plus durs des protestants. Un méchant chien noir patrouille les rues vides de cette banlieue proprette de Belfast, à dix minutes du Stormont, où les politiciens locaux cherchent depuis deux ans à s'entendre.
300 incidents depuis 1997. Tom, protestant mais sans excès, est contre ce mur. Tom a 79 ans, et le mur, 2 mètres de béton et d'acier sur 200 mètres de long, va l'obliger à faire un long détour pour aller à la pharmacie, tenue par des catholiques, et l'un des seuls magasins de ce coin de Belfast. «Et il ne servira à rien.» Le mur, la peace line, comme les habitants de Belfast appellent ces barrages, sera élev