Moscou de notre correspondant
Comme le veut la Constitution russe, la nomination d'un Premier ministre tient du feuilleton. Pour peu que le candidat proposé par le Président ne plaise pas aux députés. Ce qui est évidemment le cas avec un Eltsine présentant un quasi-inconnu, Sergueï Kirienko parfait dans le rôle du prétendant libéral diaphane, se voulant professionnel jusqu'à l'ennui pour masquer sa relative inexpérience, faisant montre d'un sérieux de premier de la classe et semblant rétif à l'humour comme un premier communiant persuadé que son jour de gloire est arrivé. Et le présentant à une Douma (Chambre basse du Parlement) dominée par des communistes et des nationalistes toisant de leur mépris ce gringalet de prétendant parrainé par un Président vieillissant, de plus en plus usé et orgueilleux. Recalé au premier tour vendredi, le même Kirienko revient en deuxième semaine avec un vote probablement vendredi , le Président ayant dit qu'il ne changerait pas de candidat. La Constitution prévoit trois tours et, en cas d'échecs répétés, le Président dissout la Chambre et convoque des législatives anticipées. On n'en est pas encore là. Mais, au milieu du gué, et à l'orée d'une semaine friande en tractations et autres marchandages de voix. C'est Eltsine lui-même qui vient d'ouvrir ces amabilités, en proposant publiquement de récompenser «l'attitude constructive» des députés, autrement dit, en termes moins choisis, d'acheter leurs voix. Ce n'est pas la première fois que le Pr