Johannesburg envoyée spéciale
Lentement, l'ascenseur se met en branle. Une vieille cage rouillée et instable qui descend en grinçant vers les entrailles de la terre. Les oreilles sifflent, l'obscurité enveloppe progressivement les silhouettes des mineurs. Il fait de plus en plus chaud. «C'est le coeur de la terre. Brûlant et imprévisible. A chaque fois que je descends dans la mine, je prie le Seigneur. Et à chaque fois que je remonte, je n'oublie pas de le remercier», murmure Lappies, le vieux contremaître blanc qui a déjà passé «plus de vingt ans sous terre».
Chaque jour les hommes font le même trajet. Une descente vertigineuse de plus de deux kilomètres au centre de la terre pour extraire l'or, ce métal précieux qui depuis 1886 a forgé la fortune de l'Afrique du Sud, premier pays producteur d'or au monde. «Mais aujourd'hui nous sommes en train de mourir», lâche Lappies en parcourant les allées abandonnées qui formaient autrefois le coeur historique de la mine. «Ici il n'y a presque plus d'or. Il faut aller le chercher plus loin, toujours plus au fond», explique-t-il. Sa voix résonne dans l'obscurité humide. Les lampes de poche dessinent des faisceaux lumineux qui dansent dans la pénombre, éclairant brièvement les allées silencieuses qui se croisent et s'enfoncent toujours plus loin dans la cité souterraine. Des filets retiennent les blocs de pierres qui se détachent des fissures. A l'image d'une industrie qui tente désespérément de colmater les brèches d'un irrésistible déc