Moscou de notre correspondante
Après plusieurs jours de bras de fer avec le chef de l'Etat, la Douma russe a donné, hier, les premiers signes sérieux de fléchissement. Son président, Guennadi Seleznev, un homme influent issu des rangs communistes, a appelé les députés à voter vendredi en faveur de la candidature de Sergueï Kirienko au poste de Premier ministre. Ce ralliement renforce les chances du nouveau protégé présidentiel. «Pour moi, il est mille fois plus important de préserver la Douma et de la laisser travailler jusqu'au terme de son mandat», (c'est-à-dire jusqu'à la fin 1999), a expliqué Guennadi Seleznev à l'issue d'un entretien avec le président Boris Eltsine.
Le président de la Chambre faisait allusion à la menace proférée par Boris Eltsine de dissoudre la Douma après trois rejets successifs de son candidat, comme le lui autorise la Constitution. Lors d'un premier vote, vendredi dernier, Sergueï Kirienko n'avait recueilli que 143 voix, loin de la majorité requise de 226. Sans entrer dans le détail, le président de la Douma a pronostiqué que lors du second tour, ce vendredi, le poulain d'Eltsine allait passer avec «au minimum 235 voix» et a annoncé que lui-même voterait pour.
Membre de l'aile modérée du PC, en bons termes avec Boris Eltsine, Guennadi Seleznev a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas: face à l'obstination présidentielle, mieux vaut céder plutôt que risquer une dissolution. Jusqu'à présent, les députés ont toujours plié sous la menace, craignan