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Libération

Monténégro: le spectre de la fracture La population est très divisée sur le bien-fondé d'une rupture avec la Serbie.

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publié le 15 avril 1998 à 0h03

Podgorica envoyée spéciale

«Milosevic ne veut pas me voir et moi non plus.» La déclaration fière et tonitruante du jeune président monténégrin s'étale en gras, en ce début de mois d'avril, en couverture du quotidien Vijesti, le principal tabloïd de la capitale monténégrine. Depuis plusieurs jours, Vijesti, comme le très gouvernemental Pobjeda, ouvre également ses colonnes à la nouvelle initiative de Milo Djukanovic pour relancer l'économie yougoslave, qui porte le nom évocateur de «Bases pour un nouveau départ». Cette surenchère pourrait donner l'impression que le Monténégro se dresse comme un seul homme derrière son chef, aujourd'hui à Paris, que sont venus coup sur coup courtiser les puissants de ce monde, comme l'envoyé spécial de Clinton ou le président en exercice de l'OSCE, à la recherche d'un allié pour faire pièce à l'inflexible Milosevic sur le Kosovo. Mais il n'en est rien. Dans les kiosques de Podgorica, la presse de Belgrade s'étale aussi nombreuse. Elle ignore les initiatives de Djukanovic, dont l'élection, en octobre dernier, n'a toujours pas été reconnue par Slobodan Milosevic, attise la xénophobie et fustige le «séparatisme monténégrin». «Ces journaux sont au moins aussi lus que la presse locale. On ne change pas en un jour les habitudes d'une population. La fidélité à un journal fait partie des plus ancrées», souligne Novak Kilibarda, le chef du Parti populaire, une petite formation alliée à celle de Djukanovic.

A l'approche des législatives du 31 mai, le spec