Moscou de notre correspondant
Contraint, forcé, furieux mais, in fine, obéissant, rappelé à l'ordre par la Cour constitutionnelle, le président Boris Eltsine a signé, hier en milieu de journée, la loi sur la nationalisation des oeuvres d'art emportées d'Allemagne par l'armée Rouge dans les derniers soubresauts de la Seconde Guerre mondiale. Est-ce la fin d'un bras de fer qui oppose le président russe à son Parlement (la Chambre haute et la Chambre basse la Douma où siège une majorité de députés communistes et nationalistes) et empoisonne les très chères relations entre Helmut (Kohl) et Boris Nicolaïevitch? Non pas. Tout en signant la loi à contrecoeur, l'orgueilleux président russe repart à l'attaque en saisissant la même Cour constitutionnelle qui en cinq ans ne lui a donné tort que deux fois sur deux points. L'un, formel: plusieurs députés absents lors du vote lequel, pour surmonter le veto présidentiel, devait réunir les deux tiers des voix, soit 300 (il y en eut 308) ont tout de même voté en quelque sorte par correspondance, ce que Boris Eltsine juge illégal. L'autre point est plus fondamental: en promulguant cette loi, la Russie se met en contradiction avec les conventions internationales qu'elle a, par ailleurs, signées. La Cour constitutionnelle a six mois pour se prononcer. L'affaire est d'importance et met en jeu un vrai trésor de guerre artistique. Les Soviétiques, en leur temps, et Boris Eltsine comme les autres, juraient sur la tête de Lénine que leu