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Libération

L'homme qui se voulait «plus rouge que Mao».En quatre ans de terreur, le fondateur du Kampuchea démocratique a causé la mort d'1,5 million à 2 millions de Cambodgiens.

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publié le 17 avril 1998 à 23h03

Saloth Sar, alias Pol Pot, alias «Frère numéro un», a été le maître

d'oeuvre du génocide cambodgien. En quatre ans d'exercice du pouvoir, du 17 avril 1975 au 7 janvier 1979, entre 1,5 et 2 millions de Cambodgiens (1) sont morts, exécutés, torturés ou affamés par leurs compatriotes du régime du Kampuchea démocratique ­ soit 25% de la population du pays (7 millions d'habitants). Un basculement dans l'horreur que, jusque dans sa dernière interview ­ avec le journaliste américain Nate Thayer en octobre 1997 ­, il ne concéda jamais. Tout au plus parla-t-il d'«erreurs», comme on parlerait d'«erreurs tactiques», ou, dans le jargon communiste, d'«erreurs de ligne politique» qu'une autocritique vigoureuse suffirait à absoudre.

Etudiant à Paris. Pol Pot est né Saloth Sar dans une famille paysanne de la province de Kompong Thom, le 18 mai 1925. Il apprend à lire et à écrire dans un monastère bouddhiste, puis entre dans une école technique de Phnom Penh. Il rejoint la résistance anticoloniale indochinoise pendant la Seconde Guerre mondiale.

En 1949, il obtient une bourse pour étudier l'électronique à Paris, où il passe trois ans, échouant chaque année à ses examens. Mais c'est à Paris qu'il fait son éducation politique, entre 1949 et 1952. C'est à Paris aussi que, comme nombre de ses condisciples indochinois, il s'est converti au marxisme-léninisme dans les cercles communistes étudiants.

«J'ai commencé par être nationaliste, puis patriote, et, ensuite, j'ai lu des livres progressistes, a-t-