Linz, envoyée spéciale.
«Mon programme?» Gertraud Knoll plonge dans son sac à main et extrait fièrement un papier de la taille d'une carte postale: «Bien sûr que j'ai un programme! dit-elle, interloquée par la question. C'est même un des plus politiques qui soient, la critique du capitalisme la plus radicale qui soit.» Sur la carte postale, on peut lire que «le travail passe avant le capital», «les riches ne doivent pas devenir encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres». Gertraud Knoll a même réussi à coucher un maximum de valeurs et de grands sentiments sur son petit format: «Le plus sûr investissement dans l'avenir, c'est l'être humain lui-même», «la démocratie commence avec les enfants»" Surprise. De tous les candidats à l'élection présidentielle autrichienne, Gertraud Knoll, 40 ans, est la plus inattendue. Evêque protestante dans un pays foncièrement catholique qui ne compte que 4,8% de protestants, elle s'est décidée à briguer la présidence il y a deux mois seulement. «J'ai longtemps pensé que mes fonctions dans l'Eglise protestante m'en empêcheraient, explique-t-elle, mais ça ne joue presque aucun rôle dans la campagne.» A ceux qui s'offusqueraient encore de cette intrusion religieuse en politique, elle tient la réplique toute prête: «Quand Jésus a chassé les marchands du Temple, c'était de la spiritualité ou bien déjà de la politique?» Toute jolie sous ses boucles blondes, Gertraud Knoll a vite grimpé dans les sondages, jusqu'à 16% des intentions de vote.