Le Cap, de notre correspondante.
C'est un bébé joufflu, avec des yeux ronds comme des billes. La photo d'Angelina, six mois, a fait la Une de toute la presse sud-africaine à la suite d'un incident tragique devenu, en quelques jours, un évenement national. «Comment peut-on tirer de sang-froid sur un bébé innocent?» s'exclame Temba Sono, le président de l'Institut des Relations entre les Races, reflétant le sentiment de colère suscité par la mort d'Angelina, tuée par un fermier blanc au cours du week-end de Paques. «Ce type n'aurait jamais osé tirer sur une vache. Mais il a tiré sur des enfants dont le seul tort était de traverser son champ», ajoute Temba Sono. La mort de la petite Angelina, portée sur le dos par sa cousine de 11 ans, confronte à nouveau l'Afrique du Sud avec son passé raciste. Qu'est ce qui a changé depuis les élections multiraciales de 1994 et l'arrivée au pouvoir de Nelson Mandela? «Dans les campagnes, pas grand chose» estime John Mojabelo, porte parole de la Commission sud-africaine des Droits de l'Homme. «La mentalité de l'apartheid reste très forte chez les fermiers blancs, ils ont tous les pouvoirs sur les familles noires qui vivent sur leurs fermes» explique-t-il. Des cas semblables. La multiplication des incidents a poussé la Commission a lancé une mission d'enquête sur les zones rurales. «La mort d'Angelina n'est pas un cas unique. La presse s'est mobilisée autour de cette affaire mais il y a beaucoup de cas semblables. Au cours des deux derniers