Mexico de notre correspondante
On savait déjà qu'il ne fait pas bon être une femme à Ciudad Juarez. Cette ville mexicaine d'un million d'habitants, collée contre la frontière américaine, triste miroir de sa consoeur plus chanceuse d'El Paso, mène la vie dure à ses concitoyennes: la plupart sont employées, de jour comme de nuit et à des tarifs de misère, dans les 300 usines maquiladoras qui ont fleuri dans le coin au cours des années 70. Mais, en cinq ans, ce purgatoire s'est transformé en enfer: près de 120 femmes ont été assassinées à Ciudad Juarez depuis 1993. La dernière en date, une jeune fille violée et étranglée, dont le corps a été découvert jeudi dernier par la police de l'Etat de Chihuahua, n'a pas été identifiée. Elle est la cinquième à avoir été retrouvée dans des circonstances similaires depuis le début de l'année. Réveillant le spectre d'un ou de plusieurs «tueurs en série».
Violées puis assassinées. Au fil des meurtres, les enquêteurs ont pu établir un profil des victimes. En majorité elles sont âgées de moins de 20 ans, parfois beaucoup moins. Elles ont les cheveux longs, sont minces, de condition modeste. Bon nombre étaient employées dans les usines maquiladoras, où elles s'étaient retrouvées après avoir cherché en vain du travail dans d'autres régions du Mexique. D'autres enfin, supposent les enquêteurs, se trouvaient à Ciudad Juarez dans la seule intention de traverser un jour la frontière. Elles ont été violées puis assassinées, certaines ont subi des muti