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Libération
Interview

Mission sur le Rwanda : plaidoyer pour la France. «Cette mission est un moindre mal""». Selon Samy Cohen, le contrôle parlementaire n'est pas une tradition française.

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publié le 22 avril 1998 à 23h23

Samy Cohen, spécialiste de politique étrangère au Centre d'étude des

relations internationales (Ceri), a récemment coordonné un ouvrage sur la politique extérieure de Mitterrand. Interview.

Ce contrôle parlementaire sur une action politique étrangère est-il une première dans la Ve République?

C'est ce que les membres de la mission ont dit, mais c'est inexact: il y a eu une commission d'enquête sénatoriale lors de l'«affaire Habache», qui a auditionné pratiquement tous les hauts responsables politiques et ceux des ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères. Elle a donné lieu à un rapport, en juin 92, qui est tombé dans l'oubli.

Mais le Parlement n'a pas de tradition de contrôle de l'action extérieure?

Non absolument pas. La Ve République s'est construite en réaction à la IVe, et la règle du jeu est que le Parlement ne gêne pas l'exécutif, en particulier pas sur la politique étrangère ni de défense, notamment sur l'Afrique. Il y a une sorte d'accord tacite de laisser les mains libres au pouvoir. Et je n'ai pas l'impression d'assister à une révolution de fonctionnement des institutions. Cette mission a été mise sur pied en réaction à des pressions extérieures et non pas par une volonté des parlementaires de connaître la vérité. Il n'y a pas eu une volonté spontanée des parlementaires de donner une impulsion nouvelle au contrôle démocratique.

Comment expliquer que les parlementaires soient si timorés sur ce sujet?

Il y a des raisons historiques, liées à l'arrivée du général d