Samy Cohen, spécialiste de politique étrangère au Centre d'étude des
relations internationales (Ceri), a récemment coordonné un ouvrage sur la politique extérieure de Mitterrand. Interview.
Ce contrôle parlementaire sur une action politique étrangère est-il une première dans la Ve République?
C'est ce que les membres de la mission ont dit, mais c'est inexact: il y a eu une commission d'enquête sénatoriale lors de l'«affaire Habache», qui a auditionné pratiquement tous les hauts responsables politiques et ceux des ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères. Elle a donné lieu à un rapport, en juin 92, qui est tombé dans l'oubli.
Mais le Parlement n'a pas de tradition de contrôle de l'action extérieure?
Non absolument pas. La Ve République s'est construite en réaction à la IVe, et la règle du jeu est que le Parlement ne gêne pas l'exécutif, en particulier pas sur la politique étrangère ni de défense, notamment sur l'Afrique. Il y a une sorte d'accord tacite de laisser les mains libres au pouvoir. Et je n'ai pas l'impression d'assister à une révolution de fonctionnement des institutions. Cette mission a été mise sur pied en réaction à des pressions extérieures et non pas par une volonté des parlementaires de connaître la vérité. Il n'y a pas eu une volonté spontanée des parlementaires de donner une impulsion nouvelle au contrôle démocratique.
Comment expliquer que les parlementaires soient si timorés sur ce sujet?
Il y a des raisons historiques, liées à l'arrivée du général d